Le Monde Miniature de Sasgarion

présente

 

GAADUSHNOR :

NOUS NE REVERRONS PAS SYJACUSE

 

Jardin secret des nations miniatures à Groffliers, près de Berck. Septembre 2018.

 

Nous sommes un peu plus de deux ans après les terribles événements relatés dans "Catudila : l'Exilé de Cashprix" (rubrique 8 de ce blog).

L'ex-empereur d'Orchide renversé par Dame Latêtokaré et le général Juskalos avait disparu dans les dunes de la Baie d'Authie, il était considéré comme mort. Ce qui arrangeait tout le monde.

 

 

La paix était revenue sur le jardin secret.

 

 

 (Jardin secret de Groffliers. La serre qui abrite Katapigone, la capitale de l'Orchide et son palais impérial. En vrai, on est à Chenonceaux, et sur les 2 images au-dessus, à Selles-sur-Cher, mais faites comme si)

 

(Empire orchidien, le Potager du Sud, créée pour les mini-gens par la confrérie des Grands Protecteurs berckois)

 

Catudila avait un frère cadet, qui avait la moitié de son âge. Gaadushnor vivait au palais de Katapigone. Il venait d'avoir 16 ans. Il réalisait pleinement à quel point le court règne de Catudila avait fait été désastreux. Le mal et la folie avaient troublé  une société orchidienne encore désemparée. Il avait la tête pleine de projets de rupture et de transformation. Sans descendance, Catudila avait prévu que son frère serait son héritier. Tout le monde reconnaissait que cela avait été une de ses rares bonnes idées.

 

 

Dès son avènement, Catudila avait nommé comme précepteur auprès de Gaadushnor et des autres adolescents de la cour impériale un célèbre érudit, Mélaophon de Situmonte. L'homme devint très vite le mentor du jeune héritier, son confident privilégié et celui qui exerçait la plus grande influence sur lui. La mort de Catudila ouvrait de nouvelles et joyeuses perspectives à ce personnage ambitieux. Gaadushnor serait en octobre présenté par la Régente Bulotricia au Sénat pour être proclamé empereur à son tour. Un empereur en quelque sorte formé, façonné par Mélaophon, avec tous les avantages que cela pouvait laisser espérer.

 

 

La cour de Katapigone était brillante et gaie, ses fêtes attiraient des hautes personnalités de toutes les autres nations miniatures du jardin, dont celles qui étaient régulièrement les ennemies de l'Orchide : La Casteigne, l'Hédonie et l'Eléborance, qui avaient vu avec déplaisir monter, en quelques années, ce nouveau pays rival. 

 

 

Au coeur du succès de ce pays né de presque rien 32 ans plus tôt, il y avait Gason Authienoüs, le héros par excellence. Il était la légende vivante de l'Orchide, aimé de tout son peuple et jalousé des chefs des autres nations.

 

 

Gason avait renoncé à la royauté et il passait le plus clair de son temps à la recherche de l'aventure et de la paix intérieure dans les colonies dunaires, au contact de la nature sous sa forme brute. Il avait remarqué que chaque fois qu'il revenait séjourner au palais, le destin lui tendait un piège. Ce matin-là, le destin se mit à nouveau à l'ouvrage.

 

-     Le valet : Seigneur Gason... Il faut vous réveiller... La Régente vous demande toute affaire cessante.

-     Gason : Mmmm... Le sommeil n'est pas une affaire que l'on cesse comme ça, au pied levé, au débotté ou à brûle-pourpoint.

-     Le valet : Je ne comprends pas ce que vous dites, Seigneur. Il faut vous lever, un point c'est tout.

 

-     Le valet : Ce jeune homme restera-t-il pour le petit déjeuner ?

-     Gason : C'est Encolpe, voyons ! Tu ne le reconnais pas ? Ah, c'est vrai, il est arrivé hier soir, c'est la première fois qu'il quitte les colonies du désert. Donc je te présente : Encolpe. Occupe-toi bien de lui. Qu'on m'habille !

 

 

Une mousse de serviteurs surgit de toutes parts et noya le prince Gason dans un bouillonnement de zèle. Chacun avait sa spécialité : le parfumage, le coiffage, l'habillement de corps, l'habillement officiel, le chaussement, la ventilation... Le prince fut prêt aussi rapidement d'un véhicule de course qui fait un passage sur son stand pendant un grand prix. 

 

-     Gason : Rhâââ, laissez-moi, c'est bon, je suis prêt, maintenant ! Fichue étiquette impériale !

 

Moins d'une heure après, il était de retour dans ses appartements avec le Premier ministre, le comte de Souchebelle.

 

-     Souchebelle : La déclaration de guerre des Casteignans ne devrait pas tarder. Au moins nous avons déjà celle des Hédoniens. Ils tiennent plus que tout à reprendre les colonies de la Baie d'Authie. Une fois de plus. Et sans doute aussi à en finir avec vous. Vous les avez battus six fois depuis 10 ans. Je crois que vous les excitez...

-     Gason : Nous voilà bien... C'est entendu, je repars le plus vite possible pour Cashprix.

-     Souchebelle : Bulotricia vous confirme dans vos fonctions de gouverneur avec, en sus, les pouvoirs exceptionnels liés à cette nouvelle urgence.

 

-     Gason : Avant toute chose, il faut étudier de près ce que font les Hédoniens, qui sont plus près des dunes, et trouver le moyen de les empêcher de se joindre aux Casteignans. Cette alliance est inédite... C'est inquiétant.

-     Souchebelle : Je mets la IIe Légion à votre disposition. Toute mon affection et celle du peuple vous accompagnent, Seigneur Gason ! Je suis heureux de voir que le chef de guerre est toujours là pour gérer les situations périlleuses.

-     Gason : N'en prenez pas l'habitude... Et vous en faites trop. Je me passerais bien de cette responsabilité. Mais merci.

 

-     Souchebelle : Ah, il y a autre chose qui ne va pas vous plaire. L'héritier veut aller dans les colonies lui aussi.

-     Gason : Je me passerais bien de ça aussi ! Mon neveu se fait une haute idée de sa future fonction, et c'est méritoire. Mais il ne mesure pas le danger, il va trop s'exposer. C'est sûrement encore une idée de Mélaophon.

 

-     Souchebelle : Faites au mieux. Défendez le pays et l'honneur. Mais si le péril est trop grand, sachez aussi renoncer. L'enjeu ne mérite pas une guerre totale que nous aurions peu de chances de gagner. Je crois que cette fois, nos ennemis vont mettre en action des moyens encore jamais vus.

 

Un ultime conseil de guerre fut tenu chez Gason avant son départ. La régente Bulotricia et Mélaophon étaient du même avis que Souchebelle. Il fallait gagner mais pas à n'importe quel prix. Mélaophon tenait plus que tout à ménager le prestige de son protégé. Selon lui, on marchait sur un fil : il ne fallait pas commencer le nouveau règne avec une défaite honteuse, ni avec une nouvelle épopée qui échapperait à tout contrôle et écraserait le jeune empereur sous le prestige de ses généraux.

 

 

Gason commença sa nouvelle campagne par des prospections diplomatiques. Il eut le lendemain matin un rendez-vous secret avec un officier du Renseignement de la République d'Arrochelle, l'agent "Fraise des bois".

 

 

-     L'agent Fraise des bois : Les Grands veulent que nous restions discrets, dans la paix comme dans la guerre. Ils ne sont déjà pas fans des colonies qui se sont développées en dehors du jardin. Ils voient d'un mauvais oeil les centaines de colons qui se sont installés dans la vallée de Cashprix et la construction de la ville de Syjacuse, qui pourrait être inopinément découverte par un promeneur égaré... Si les mini-nations transgressent les termes de l'accord, ils feront valoir leur droit à l'ingérence pour raison de sécurité et viendront faire le ménage.

-     Gason : Il ne faut pas se faire d'illusion, ce sera un ménage total. Ils ne permettront plus à personne de prendre ses aises en dehors du jardin.

-     L'agent Fraise des bois : Veillez à rester dans les limites de votre droit, celui de vous défendre contre cette agression caractérisée, et les Grands Protecteurs seront indulgents avec l'Orchide. Au mieux, ils vont laisseront l'Authiegane, qui est bien plus sécurisée.  Vos ennemis ont mobilisé des moyens inhabituels, ils perdent tout sens de la mesure et leur emportement peut se retourner contre eux.

 

-     Gason : Autrement dit, nous devrions résister, tenir le plus possible, compter nos victimes et laisser nos ennemis s'agiter, faire du bruit, jusqu'à ce que ça déborde. Jusqu'à ce l'impatience gagne les Grands. Ils vont résoudre ce conflit à notre place.

-     L'agent Fraise des bois : En gros, oui. Arrochelle respectera l'application de la clause d'intervention pour cas de force majeure et elle vous soutiendra dans une éventuelle négociation sur les colonies. Mais il n'y aura pas d'alliance militaire. Le jeu n'en vaut pas la chandelle. Nous n'avons aucune revendication sur la zone littorale... Mais si vous êtes habiles, ça n'ira peut-être pas jusque là, vous pourriez même gagner cette guerre par vous-mêmes, comme d'habitude... On vous soutient pourvu que vous restiez au premier plan. Bon, vous ne voulez plus revenir au pouvoir, tant pis, nous en avons fait notre deuil. Cela dit, vous continuerez à être informé en priorité. Bonne chance, Seigneur Gason !

-     Gason : Merci à vous !

 

 

 Gason Authienoüs pesa longuement le pour et le contre.

 

 

Il lui fallu se résoudre à s'adapter et à suivre la mise des alliés dans ce jeu risqué.

Tout en imaginant les moyens de retourner leur force contre eux. Le chef de guerre était de retour. Il allait passer à l'action.

 

 A SUIVRE...

DANS L'EPISODE 2 CI-DESSOUS

 

Jardin secret des nations miniatures, empire orchidien, palais de Katapigone

 

-     Bulotricia d'Argousiers : Mes deux années de régence tirent à leur fin. Je n'en suis pas fâchée... Enfin, si tu es vraiment sûr d'être prêt à recevoir la couronne d'Orchide.

-     Gaadushnor : Mon frère Catudila m'y avait préparé dès son propre couronnement. Je suis prêt. Impatient, même. Il y a tant à faire pour faire avancer la société vers la paix et le bien.

-     Bulotricia : Je comprends ton idéalisme. A 16 ans, on est forcément idéaliste pour exister. Catudila l'était aussi, à sa manière.

 

-     Gaadushnor : D'une manière dévoyée et on a vu le résultat. Un précédent fâcheux ! Personne ne le regrette, moi non plus. Il a fait trop de dégâts. Les germes de la sédition qui l'a renversé sont toujours là et ne demandent qu'à repartir au moindre prétexte. Il faut pacifier et stabiliser tout ça. Tu as déjà fait l'essentiel du travail. A moi de l'approfondir et de le rendre pérenne. C'est triste à dire, mais je dois faire oublier mon frère.

-     Bulotricia : C'est une tâche lourde et ingrate. Tu vas déjà devoir affronter un conflit international. La Casteigne et l'Hédonie se sont liguées contre nous, nous sommes déjà en état de guerre. Ton oncle Gason est en route pour affronter les Hédoniens. Il faut tout recommencer, une fois de plus...

 

-     Gaadushnor : Ma résolution est prise : je vais me rendre dans les colonies de la Baie d'Authie, au coeur de la tempête.

-     Bulotricia : C'est digne et courageux. Que tu le veuilles ou non, tu auras besoin d'une victoire pour te faire reconnaître. Tes oncles la remporteront pour toi, sois tranquille. J'en suis certaine.

-     Gaadushnor : J'en suis certain aussi. Et c'est peut-être un problème... 

 

Le plan de Gason Authienoüs était simple et audacieux. Il résolut de parer au plus pressé : attaquer par surprise le corps expéditionnaire hédonien et le battre séparément, avant qu'il ne soit déployé dans les dunes et ne rejoigne celui que les Casteignans organisaient de leur côté.

 

 

Le moyen le plus efficace était de tendre une solide embuscade sur la voie ferrée qui parcourait l'étroite bande de territoire qui n'appartenait à aucun Etat miniature et qui longeait, derrière un fossé encombré d'herbes touffues, la route des Grands,  raison pour laquelle on appelait cette zone les Champs Goudroniques. Le train militaire hédonien devait rejoindre, au bout de la voie, une dépendance de la maison des Grands Protecteurs où l'attendaient l'état-major et les unités auxiliaires.

L'attaque eut lieu à 23h20.

 

 

La victoire était totale. Elle surprit les Ochidiens eux-mêmes. Le prestige de Gason Authienoüs en fut d'autant plus grand dans le pays.

Il conduisit les blessés des deux camps à l'hôpital de Kihavépalerkon, dans le petit royaume vassal de Bourdon-Silice. Les prisonniers y furent libérés et transférés dans le petit pays voisin, la Gravière, frontalier de l'Hédonie.

Consterné, le gouvernement hédonien décida au petit matin de se retirer de son éphémère alliance avec la Casteigne. On ne pouvait décemment plus envisager une campagne militaire dans le désert avec seulement les officiers supérieurs et les cantinières du corps expéditionnaire...

 

 

  A SUIVRE...

DANS L'EPISODE 3 CI-DESSOUS

 

 

 

La baie d'Authie. Le lieu majestueux où s'éparpillaient les colonies miniatures dites "du désert". Ce pays sauvage commençait à 200 mètres seulement du jardin secret des mini-nations. Droit vers l'ouest, c'était la mer.

Gaadushnor, arrivé dans la colonie, bouda la villa d'Axel Menthe qui était la maison de son oncle. Il préféra s'installer dans la vallée, à Syjacuse. Le prince Gason revenait tout juste de sa fantastique victoire des Champs Goudroniques.

Sitôt accueilli, le jeune futur empereur fut invité à célébrer, dans la salle des Fêtes, la cérémonie du Premier Marron Trouvé, ramassé par une patrouille dans la forêt toute proche, qui symbolise le début de l'automne.

 

-     Encolpe : Déjà la fin de l'été...

-     Gason : Tu n'en est encore qu'au printemps, mon chéri. De quoi te plains-tu ?

-     Encolpe : On dit que le jeune prétendant au trône est plutôt sévère et restrictif sur les moeurs. Cela ira-t-il jusqu'à des interdictions, de la coercition ?

-     Gason : Mon neveu est, à ma connaissance, le seul individu mâle de la famille que l'on puisse qualifier de "normal". A part peut-être aussi mon frère, Yadêmokyblès. Et il a vu son propre frère à l'oeuvre dans l'explosion du vice et de la débauche. Il en conçoit une sorte de complexe... Mais non, il ne sera pas un dictateur, même au nom de sa morale personnelle.

 

Dans le jardin des nations miniatures, royaume de Casteigne.

 

A l'annonce de la surprenante défaite des Hédoniens face aux Orchidiens, le roi Flaive II de Casteigne eut un de ces moments d'exaltation et d'emballement que tout son pays lui connaissait bien.

Au château de Roncecour, il fit convoquer tous les officiers supérieurs.

 

-     Le roi : Colonel Kadawreski, Général Potjevleeschovski, quelle formidable nouvelle, n'est-ce pas ?

-     Général Potjevleeschovski : Oui, Sire, les Hédoniens se sont fait étriller !

-     Le roi : Ils sont ridicules pour de longues années ! Nous avons maintenant les mains libres pour toute initiative. Vous allez reconquérir nos colonies du désert, Général ! Vous allez les reprendre à Gason Authienoüs ! La guerre est déclarée !

 

-     Le roi : Bonsoir Ronce cour !!! Vous êtes tous là ??

- OUIIIIIIII !!!!

 

-     Le roi : Le moment historique tant attendu est arrivé ! Nous allons enfin avoir notre revanche sur les Orchidiens. Je prévois pour bientôt la chute et le démantèlement de leur pays ! A l'heure où je vous parle, le corps expéditionnaire est formé et prêt à partir arracher avec les dents la victoire que nous appelons tous de nos voeux !

-     VICTOIRE  !!!!! VICTOIRE !!!!

 

-     Colonel Cailleuse : "Victoire"... Je n'aime pas trop vendre la carapace du charançon avant de l'avoir tué... Je ne vois pas bien quelles raisons nous avons de nous réjouir de la défaite hédonienne. Les Orchidiens ont battu avec une facilité déconcertante ceux qui étaient hier encore supposés être nos alliés pour ouvrir un second front. Et maintenant, il n'y a plus de second front.

-     Colonel Kadawreski : C'est ce que je n'arrête pas de dire... Ne sous-estimons pas les Orchidiens.

-     Général Potjevleeschovski : Des alliés bien encombrants, Messieurs. C'est une bonne chose d'en être débarrassés. Nous pouvons travailler seuls à chasser Gason et les Orchidiens des colonies. Seuls et en force. J'ai demandé au roi le tiers de l'armée... Et il me l'a donné.

-     Le roi : Je vous entends très bien, Messieurs ! Et tenez, je ne vais même pas me retourner !

 

-     Le roi : Ne soyez donc point si pessimistes. Travaillez à mettre les meilleures chances de notre côté, c'est la meilleure garantie de succès.

 

-     Le roi : Si le moral des officiers n'atteint même pas le quart de celui de la troupe, nous n'irons pas loin. Veillez à secouer tout ça, Général !

-     Général Potjevleeschovski : Ce sont des hommes d'action, Sire. Ils se sont juste un peu encroûtés et ramollis ces derniers temps, mais une fois sur le terrain, ils sauront donner le meilleur d'eux-mêmes, je vous le garantis !

-     Le roi : Surveillez tout spécialement Kadawreski. A force de combattre et de côtoyer tout à la fois les Ochidiens, je le soupçonne d'être trop facilement complaisant avec eux et de les voir plus méchants qu'ils ne le sont. Il a peur, cela me paraît clair, de notre ennemi principal, Gason Authienoüs. C'est lui le vrai danger de cette campagne. 

 

-     Le roi : Madame Plüschaussämeyer, je vous propose de faire servir dès maintenant le plantureux repas que avez concocté. Cela devrait redonner à nos valeureux compagnons du coeur à l'ouvrage.

-     Madame Gretel Plüschaussämeyer : Ou les endormir... Ce qui ne serait pas très grave, ils ne partent que dans 2 jours...

 

 

 

A Syjacuse, Gaadushnor s'accorda un moment touristique. Flanqué de son précepteur Mélaophon de Situmonte, il regarda plus attentivement le décor de la salle des Fêtes imaginé par son oncle Gason Authienoüs. Il croit que le modèle nu qui tapissait glorieusement les murs était Encolpe, l'amant du héros de l'Orchide. Mais on lui apprit qu'il s'agissait en fait d'un Grand d'un très lointain passé. Gaadushnor, qui ne connaissait pas l'histoire d'Hadrien et de son jeune favori Antinous, et qui n'avait pas la moindre idée de ce qu'étaient les "Romains", se sentit conforté dans son envie de réformer la société et de remettre bon ordre dans les moeurs de ses concitoyens, dans les passions violentes et débridées qui avaint poussé Catudila aux pires extrémités et à sa chute...

 

-     Gaadushnor : Bien sûr, c'est beau. C'est l'émerveillement, l'esthétisme suprême. Ces passions masculines immodérées ont aussi tant de fois mis l'Orchide en péril, poussée au déséquilibre par des dilemmes irrationnels.

-     Mélaophon : L'amour n'est pas une anarchie, il a sa propre rationalité, il a ses lois. Il convient à un souverain de montrer l'équilibre en toute chose, quand les lois contradictoires s'affrontent. Sans doute les passions ont-elles été poussées jusqu'à leurs dernières extrémités ces dernières années, jusqu'à l'hystérie. Nous recherchons un nouvel équilibre.

-     Gaadushnor : Ce que nous voyons là, c'est l'équilibre du passé. Un petit groupe d'hommes pouvait construire de ses mains un pays et lui faire traverser toutes les crises. Mais le mini-monde a changé et les mêmes hommes, animés des mêmes passions, peuvent maintenant compromettre le futur de ce pays. Les hommes qui s'aiment entre eux devraient en principe s'aimer assez pour ne point se faire la guerre, mais non ! Il la font sous ce prétexte même, ou avec l'idée d'en tirer une force spéciale, et ils cherchent le combat et l'épopée avec une ardeur exacerbée... On est allé jusqu'à faire une légion d'amants, des garçons virils et bien entraînés, réunis dans une sorte d'orgie militaire et que Gason a conduits à la victoire contre les Hédoniens il y a 4 ans, ici même... Ils sont devenus eux aussi une légende, une référence. On ne peut plus n'avoir que cette sorte de références. Elles font que lorsqu'il n'y a pas de guerre, on en provoque plus ou moins consciemment, au nom de l'honneur ou pour l'amour d'un autre homme... L'avenir ne doit plus être aussi léger et passionnel, que ce soit dans l'amour ou dans la politique. Si nous voulons éviter les guerres, muselons les passions, rendons-les pacifiques. Rendons-les... lisses.

 

-     Gaadushnor : Mais c'est vrai qu'il est beau...

-     Mélaophon : Qui ne le trouverait pas admirable ?

-     Gaadushnor : Je n'ai pas un coeur de pierre, je peux aussi être ému par la beauté d'où qu'elle vienne... Mais jamais je en mettrai dans mes amours cette attrait morbide pour la gloire qui est à la mode dans les colonies.

 

-     Mélaophon : Tu as raison, Gaadushnor. Les temps ont changé, il faut montrer la voie à la société. Par chance, ce fou de Catudila est mort. Gason n'est plus un jeune homme fougueux... Ton heure est venue. Tu seras couronné vers la mi-octobre. En attendant, il te faut affronter ta première crise : les Casteignans vont nous attaquer et on ne pourra pas les arrêter avec de la sagesse seulement. Nous combattrons donc. Faisons confiance à nos héros pour ça, puisque nous avons encore besoin d'eux. Après, on verra...

-     Gaadushnor : Nous combattrons donc. Mélaophon, j'ai au moins confiance en toi, tes conseils sont toujours avisés. Je te nomme ministre. De quoi, je ne sais pas encore, mais je dois former ici un semblant de gouvernement pour ne pas laisser les militaires faire de la politique tout seuls.

-     Mélaophon : Merci, Seigneur. Que mille grâces te soient rendues.

 

-     Gaadushnor : Demain, nous partirons avec une escorte légère faire un tour de la vallée. Il faut que je me montre aux gens et que je m'intéresse à eux.

 

 

L'ancienne villa d'Axel Menthe, sur les hauteurs de Cashprix, maison du gouverneur Gason Authienoüs

 

 

Le soir venu, le prince Gaadushnor dîna en compagnie de son oncle Gason et des amis de ce dernier, dont le fidèle colonel Tibias, compagnon de la première heure, et sa jeune nièce Geldoush.

Gaadushnor, sous l'oeil amusé de Gason, se faisait caresser par le prince Ymmanrestkain d'Absinthyos qui voulait... lui faire épouser sa soeur. Le futur empereur réussit à temporiser gentiment, à fixer fermement un rendez-vous mal défini dans un futur nébuleux. Le prince Ymmanrestkain était supposé comprendre que l'heure était plus à des plans de bataille qu'à des plans de table consécutifs à un mariage.

 

-     Gason : Tu t'en sors très bien, mon neveu. Tu es déjà fin diplomate ! Et tu as su éteindre l'embrasement de l'être le plus décadent de cette aimable société, après moi bien sûr.

-     Gaadushnor : Il m'a hérissé le poil, c'était choquant et insupportable. Mais tu vas me remettre à ma place, je suppose, en me rappelant que d'Absinthyos est aussi le général de l'Armée de Réserve, la VIe Légion, celle des Amants, et qu'il est lui aussi un grand héros des guerres du désert. J'en ai tout le tour du ventre, des héros, quelle chance j'ai !

-     Gason : Je parle de décadence, mais ce mot veut juste dire : être un bon vivant ! Il n'y a pas de héros tristes et mous. C'est un homme bien en dehors de ses petits travers. Tu peux compter sur lui pour concevoir les meilleures fortifications à partir du tout-venant qu'offre la nature. Il est aussi très apprécié des vétérans de la VIe qu'il peut rallier rien qu'en levant le petit doigt.

 

-     Gaadushnor : Je ne veux pas savoir ce qu'il fait avec son petit doigt !

-     Gason : Ha ! Ha ! Ha ! Ha !

-     Gaadushnor : Il me fait un peu peur. Dis-lui, toi : qu'il revienne en fonctions comme général de la VIe et qu'il rassemble autant d'hommes qu'il peut dans les colonies pour surveiller l'approche des Casteignans et pourvoir à la sécurité de Syjacuse. A-t-on une idée précise de nos forces ?

-     Gason : Nous avons déjà commencé à rassembler et équipé les soldats et les volontaires. Nous pouvons compter sur environ 250 hommes pour les IIe, IIIe et VIe Légions. Des groupes d'éclaireurs sillonnent les dunes à la recherche de l'ennemi. D'ailleurs, Encolpe fait partie d'un de ces groupes. Tu veux que je te le présente ?

-     Gaadushnor : ...Encolpe, c'est ton jeune, très jeune amant, je sais. Non, ne le dérangeons pas. Je vous laisse. Merci pour ce délicieux banquet. Je souhaite dormir tôt pour être en forme demain à l'aube. 

 

Gason vit la gêne de son neveu à l'évocation d'Encolpe. Mais il ne fit pas de commentaire.

Lui non plus ne prolongerait pas la soirée, impatient qu'il était de s'adonner à l'action le lendemain.

Quant au général d'Absinthyos, il négociait à présent avec un des gardes impériaux, mais sans doute pas pour placer sa soeur.

 

 

A SUIVRE...

DANS L'EPISODE 4 CI-DESSOUS

 

 

Le village de Krêgnos était aux marches orientales de la vallée de Cashprix, en bordure du monde sauvage. Quelques dizaines de personnes y vivaient depuis deux ans dans une tranquillité générale, à peine perturbée par quelques intempéries, surtout en hiver.

 

 

Deux jeunes gens venaient régulièrement s'y approvisionner et retrouver des amis. Nous les connaissons bien : Korydon et son frère cadet Encolpe. Ils avaient été employés sur des chantiers de construction à Syjacuse et ils avaient toujours leurs  entrées à la villa d'Axel Menthe, la maison du gouverneur sur la plus haute dune. Et pour cause : Encolpe était toujours l'amant du gouverneur, de Gason Authienoüs. Korydon vivait dans une maison bien cachée, non loin de Krêgnos, mais personne ne savait très bien où.

 

 

Ce matin-là, un étrange équipage fit son apparition au village. Le jeune prince Gaadushnor et Mélaophon, poursuivaient leur tournée dans la vallée.

 

-     Mélaophon : Salut à vous deux, les garçons ! Gaadushnor, voici les deux frères dont je te parlais...

-     Encolpe et Korydon : Bien le bonjour, Seigneur Gaadushnor !

-     Gaadushnor : Ah... C'est vous ? Oui, je vous ai déjà aperçus en ville... 

 

-     Gaadushnor : Voici donc les compagnons de mon oncle et de mon regretté frère. Encolpe, je croyais que tu vivais à Cashprix, dans la villa...

-     Encolpe : Je rejoins très souvent mon frère pour l'aider chez lui, Seigneur.

-     Gaadushnor : Tant de charme et de sensualité, qui furent les gibiers complaisants de si grands personnages, peuvent donc se satisfaire d'un séjour si rustique et isolé de tout ?

-     Mélaophon : Des charmes isolés mais pas inaccessibles ! Tout méprisable qu'il ait été, il faut bien admettre que ce sont ceux de Korydon qui ont assagi et transformé Catudila dans ses derniers jours. Tu étais pourtant son esclave, tu obéissais aux ordres, Korydon.

-     Korydon : Oui, et ce ne sont pas mes meilleurs souvenirs.

 

-     Mélaophon : Gaadushnor, mon cher enfant, pardonne-moi d'y revenir. Si tu tiens tellement à vaincre les tourments et les effets pervers de la sensualité sans freins, tu dois aussi les connaître et parler avec nos amis. Ces deux garçons du peuple ont avec les seules armes de l'amour se sont taillés une belle place dans l'Histoire aux côtés des Puissants. Ils sont les meilleurs sujets d'étude !

-     Gaadushnor : Je ne suis pas certain d'être déjà un puissant personnage. Oui, oui, je suis favorable à essayer beaucoup de chose avec le dessein de les comprendre et de les apprivoiser. L'exemplarité passe par la connaissance.

 

-     Mélaophon : J'ai de quoi payer comme il convient pour vos bonnes oeuvres. Sois gai, agréable, serviable et lascif avec ce jeune garçon encore vierge, Korydon, et je t'assure que les grâces impériales couleront sur ta tête pour la deuxième fois !

-    Korydon : La première fois, elles ont aussi failli me la faire perdre. On ne m'y reprendra plus. Mais merci pour tes grâces grassement rémunérées.

-     Mélaophon : Le prince sera peut-être plus à l'aise avec Encolpe, qui est plus timide que toi. D'ailleurs, l'idée de distraire ton frère de sa passion pour Gason me plaît bien ! Que dirais-tu, en compensation, de quelques grâces ministérielles ?

-     Korydon : Distraire mon frère de l'homme qu'il aime ? C'est carrément sordide. Mais nous ferons selon ton bon vouloir. Allons dépuceler ton empereur et le couronner des meilleures façons. 

 

-     Mélaophon : Personne ne nous voit, Gaadushnor. Sois sans gêne aucune, sans a priori, sans prévention ni méfiance. Ici, tu as le droit de te libérer et de découvrir ce que tu as besoin de savoir. Et le silence de ces garçons est un met réputé, comme tout le reste de leur corps et de leur personnalité. Il savent garder des secrets.

-     Encolpe : Tu n'imagines pas à quel point, Seigneur Mélaophon...

 

-     Gaadushnor : C'est bien ce que je craignais : ça se passe comme ça, en Orchide. Un garçon nous plaît, on l'achète. C'est si simple, si évident. Ces choses-là m'intriguent sans m'attirer. Je ne suis plus très sûr que me mener à la perversion pour mieux la dominer et donner l'exemple des bonnes moeurs au peuple soit si nécessaire et judicieux. Au mieux, c'est hypocrite et incohérent, non ?

-     Encolpe :  Je ne sais pas, je ne suis que spectateur de tes cas de conscience. Je coucherai avec toi si tu l'exiges parce que je dois le respect et que la prostitution institutionnelle est chose banale. Mais si tu ne veux pas, ça me va aussi, ça m'arrange même. Gason Authienoüs ne m'a pas acheté. Je l'aime et il m'aime. Je ne sais pas ce que tu as contre le sexe facile que tu vois lubrique et sale et je m'en fiche. En tout cas, ne dévalorise pas l'amour qui existe sous bien des forme qui ont le malheurs de te dépasser. Tu es peut-être un peu jeune pour avoir déjà des avis sur tout, en particulier sur la vie privée des gens.

-     Gaadushnor : Hola ! Tout doux ! Et le respect que tu viens à peine d'évoquer, alors ?!... Bon, d'accord... Et si je te demande simplement de m'aider, oublions les marchandages... Euh... Je sais pas... Déshabille-moi et caresse-moi le ventre, je crois que j'aimerai peut-être ça...

 

-     Encolpe : Toujours pas ?

-     Gaadushnor : Non. Ah, ça en devient ridicule et gênant.

-     Encolpe : Désolé de te l'apprendre, mais tu es hétérosexuel, Mon Prince. Tu veux que je te suce ?

-     Gaadushnor : Je n'ai même pas d'érection... Toi non plus d'ailleurs ! Je ne te plais donc pas ?!

-     Encolpe : Je suis un peu... déstabilisé. Ton nouvel ordre moral est bien parti, on dirait, il est bien enraciné chez son promoteur. Résultat : ça me coupe tout. Incroyable ! Si jeune et mignon et déjà si con !

-     Gaadushnor : Quelque part, ma pureté bien enracinée est rassurante. Mais que tu ne bandes même pas à ma vue, c'est presque vexant !... Attendons sagement qu'ils finissent leur affaire et rentrons. Ah, et je te fais grâce du "déjà si con". Ce qui se passe dans la dune reste dans la dune.

-     Encolpe : Merci, Seigneur. Mais reparle encore une fois en mal de Gason et moi et tout futur empereur que tu es je t'arrache la tête. C'est clair ? 

-     Gaadushnor : ...Tu l'aimes donc vraiment... C'est vrai que c'est beau. Est-ce qu'un jour on m'aimera comme ça ?...

-     Encolpe : Catudila se posait la même question quand il était spectateur et tortionnaire de l'amour des autres... A mon avis, tu lui ressemble plus que tu ne le voudrais...

 

 

Les deux jeunes gens avaient un public discret et attentif. Encolpe le savait probablement. Gaadushnor non. Autrement, il aurait encore été bien davantage éloigné des gentilles et naturelles occupations du sexe.

 

 

Un peu plus tard dans la journée, Gaadushnor tenta d'aborder une jeune fille qui se reposait aux heures les plus chaudes. On ne sut jamais ce qui se passa ensuite. Ce qui se passe dans la dune reste dans la dune.

 

 

Il s'y passait bien d'autres choses plus inquiétantes. Au milieu de la vallée, Gason dirigeait le renforcement des défenses du fort de Syjacuse. Nous étions dans ce qui était 30 ans plus tôt la mythique Vallée du Poisson d'Or. Les anciennes constructions enfouies dans le sable étaient devenues inutiles. Elles allaient servir de matière première aux nouvelles fortifications.

 

 

Les Casteignans arrivaient en force. Les éclaireurs apportaient chaque jour des nouvelles consternantes sur leur nombre et leur équipement. Cette guerre-là n'était pas comme les autres. On annonçait leur arrivée par l'est. Le village de Krêgnos se trouva soudain exposé à un danger tout proche. Gason vint lui-même organiser son évacuation. Sa nièce Geldoush était du voyage.

 

 

La colonne devait marcher une journée entière pour rejoindre Syjacuse, par les chemins les plus courts mais aussi les plus périlleux. A peine était-elle partie que les Casteignans franchissaient déjà le col de Krêgnos pour entrer dans la vallée. L'invasion commençait vraiment.

 

 

Le général en chef Potjevleeschovski commandait en personne l'avant-garde, pressé qu'il était de poser le pied en territoire ennemi. A ses côtés, le colonel Kadawreski se préparait à en découdre pour la quatrième fois avec ces irascibles Orchidiens.

 

 

 A SUIVRE...

DANS L'EPISODE 5 CI-DESSOUS

 

 

 

A milieu de la vallée dunaire de Cashprix, la ville de Syjacuse se préparaient à recevoir les évacués de Krêgnos.

 

 

Après tant d'efforts, la colonne était à peine à une heure de marche de son objectif quand le destin le plus farceur les fit tomber nez-à-nez avec une patrouille ennemie.

 

-     Gason : Formez la ligne ! Les civils en arrière !

 

 

Un mini-homme dissimulé par le feuillage observait le combat qui s'était engagé.

Catudila suivait la patrouille et il avait deviné que les Orchidiens allaient leur tomber droit dessus. Le chef de guerre reprit le dessus sur le coureur de piste : il se lança à l'attaque lui aussi.

 

-     Gason : Catudila...

-     Catudila : Oui mon oncle. Allons-nous consacrer le temps qu'il faut à t'exposer toutes les raisons qui font que je ne suis pas tout à fait mort, où préfères-tu courir avec moi à l'abri dans la ville ? Je ne connais Syjacuse qu'en y étant allé incognito. J'aimerais y entrer en étant moi, pour une fois.

-     Gason : Pourquoi je ne suis même pas surpris ?... Mais tu as raison, il y a des priorités. Messieurs, ramassons nos blessés et marchons.

 

-     Gason : La famille est de nouveau réunie...

-     Catudila : Je sais. J'ai vu mon frère. Il va être empereur à son tour, je lui souhaite bonne chance.

 

 

Catudila fit son entrée sur le forum, avec son oncle. A mesure qu'il s'approchait, les convives ouvrirent des yeux stupéfaits.

 

-     Mélaophon : Seigneur Catudila ! C'est donc bien vous ! Quelle étrange et mauvaise surprise !

-     Catudila : Couché, Précepteur ! Je ne viens pas te faire de l'ombre, ni à ton élève ! Ces hommes que l'on nomme et qui vous regarde ensuite avec écoeurement lorsque vient le moment où on les gêne m'amusent beaucoup. La vie en pleine nature m'avait fait oublier ces virtuoses de l'arrivisme.

-     Mélaophon : Seigneur, vous me nommâtes à l'éducation de votre frère mais je suis aujourd'hui son ministre, et cette grâce ne vient pas de vous. Que venez-vous faire ici après avoir si fort dérangé notre histoire et de façon si malsaine ? La mort ne veut donc pas de vous ?

 

-     Geldoush : Mon cousin...

-     Gaadushnor : Mon frère...

 

-     Catudila : Oui, mon Korydon, je n'ai pas pu résister à la tentation : me voilà revenu sans masque et au grand jour.

-     Korydon : Je m'y attendais. Au moins, tu reviens d'entre les morts au moment le plus utile et juste pour toi.

-     Gaadushnor : Comment est-ce possible ?...

 

-     Gason : Quelles belles retrouvailles ! Etonnant, non ?

-     Encolpe : ...Non.

-     Gason : Je vois... Maintenant que tout le monde est au courant, tu voudras bien j'espère me tenir dans cette confidence qui n'en est plus une.

 

-     Gaadushnor : Il ne manquait plus que ça ! Tout conspire à ridiculiser mon projet de transformation du pays ! Et je suis entouré de traîtres !

-     Korydon : Mon frère et moi sommes navrés de te décevoir, Seigneur. Nous étions toujours aux ordres de Catudila.

-     Gaadushnor : L'obéissance aux ordres ! L'alibi classique pour toutes les forfaitures !

 

-     Catudila : Me feras-tu arrêter, alors que j'ai tiré une belle épine du pied des gens de krêgnos ?

-     Geldoush : Nooon !!

-     Gaadushnor : Il est un peu tard pour ça ! Nous avons bien d'autres fourmis à fouetter ! Maintenant, c'est moi qui ai cette épine, à l'endroit le plus mal placé, et je dois bien faire avec !

 

-     Mélaophon : Un mot de toi, Gaadushnor, et la justice suivra son cours honteusement interrompu...

-     Gaadushnor : Tout cela est bien inutile et dérisoire aujourd'hui ! Nous avons d'autres urgences ! Et c'est encore mon frère...

-     Catudila : Alors je me ferai tout petit. Tu me verras à peine. Mangeons, nous sommes là pour ça !

 

 

-     Gaadushnor : Il eût mieux valu que tu sois mort.

-     Catudila : Cela peut encore s'arranger. Nomme-moi officier de tes légions et mets-moi en première ligne.

 

-     Gaadushnor : Il me semble que si tu n'étais pas revenu du désert, ça aurait arrangé tout le monde. Il y aurait un peu de dignité dans tout ça pour sauver tout ce qui s'est passé avant. Maintenant, tu veux que je te donner ta chance. Qui sait si tu ne vas pas en profiter pour rechercher ta gloire perdue ? Reprendre ton trône avec l'appui de fidèles soldats et réinstaurer les errements passés ?

-     Catudila : Je n'aspire à rien qui te concerne de près ou de loin. Mon empire est ici, sans frontières, informel, il est fait de sable et de buissons secs, il se nourrit de vie simple que l'on peut mener ici en compagnie de gens estimables. Garde l'Orchide et traite-la mieux que moi, si tu t'en sens capable.

 

 -     Gaadushnor : Pour tout ce qui te concerne toi, je m'en remets à notre oncle Gason, puisque vous vous entendez si bien ! Lui aussi, entre deux triomphes, il aime bien pérorer sur la vie simple...

 

 A SUIVRE...

DANS L'EPISODE 6 CI-DESSOUS

 

Le fort de Syjacuse était le seul véritable obstacle qui se dressait devant les prétentions des Casteignans. On y avait cantonné les meilleures troupes orchidiennes des colonies.

Gason Authienoüs et son oncle le général en chef Chantalladçouss en dirigeaient la défense. A leurs côtés, apparut l'ex-souverain Catudila, dont la présence surprit un peu les soldats sans vraiment les émouvoir. L'armée avait toujours été indulgente avec ce jeune homme qu'elle avait proclamé empereur deux ans et demi plus tôt. Le proscrit que tout le monde croyait mort commençait de fait sa deuxième vie comme adjoint des chefs.

 

-     Gason : Le plus gros de leur armée n'est pas encore entré dans la vallée. La division qui va nous faire face est relativement modeste et peu équipée. La force principale, l'artillerie lourde, les approvisionnements, tout cela mettra encore 2 ou 3 jours à se mettre en place.

-     Catudila : Alors nous avons de bonnes chances de les repousser. 

-     Gason : Certes, mais ça ne les découragera pas. Au moins nous pouvons escompter les retarder dans leur conquête et les impressionner.

 

-     L'officier : Mes Seigneurs ! Ils sont là !

 

-     Catudila : C'est une bien belle armée...

-     Chantalladçouss : Ils ne sont pas seulement jolis. Ce sont les meilleurs soldats des nations miniatures. Ils sont déterminés et confiants.

-     Gason : A nous d'essayer d'éroder un peu cette confiance, si cela peut nous permettre d'éviter des combats futurs et encore plus difficiles... Ils vont bientôt attaquer pour tester nos défenses. A vos postes, Messieurs. Bonne chance.

 

-     Sonnez la retraite !

 

 

Les Casteignans reculèrent lentement, les yeux fixés sur le fort. Le combat cessa. Les Orchidiens avaient gagné du temps.

 

 A SUIVRE...

DANS L'EPISODE 7, EN PAGE 2