•  "La Mer nous dira quoi " :

    Une histoire d'amour entre deux mini-hommes dans un milieu sauvage où les gens ne parlent pas pour ne rien dire. Une adaptation miniature et très libre de "Seule la terre", un film sorti en décembre 2017.

    Cette histoire contient donc des propos et des images susceptibles de heurter la sensibilité de personnes non concernées, voire carrément hostiles, ou mal informées.

     

    DB - 13 avril 2018

     

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    Une hutte de chasse dans la baie d'Authie, au bord d'un étang peuplé de faux canards dont la mission est d'attirer les vrais. Elle abrite une colonie miniature qui mène une vie rude et dangereuse en pleine nature. Ce sont des pêcheurs de crevettes qui affrontent la mer dans des bateaux minuscules, pas plus grands qu'un smartphone, des cueilleurs de salicornes et de fleurs, des éleveurs de guêpes des sables, des trappeurs, spécialisés dans les crabes, qui risquent chaque jour leur petite peau dans l'immense platier magnifique et redoutable...

     

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    Un jour, Kouroun, un jeune gars venu du désert dunaire, empêche Danilo, un pêcheur, de se faire gober par une mouette. Et dans cette petite communauté très solidaire, quand on sauve la vie de quelqu'un, c'est comme si on l'adoptait. Alors Danilo ne peut plus se passer de son nouvel ami (le seul en fait). Il le fait engager sur son bateau par sa maman, la maîtresse poissonnière du village, puis ils pêchent, ils s'aiment, ils regardent la mer si belle, si effrayante, hostile et dominatrice, en rêvant d'une autre vie. Auront-ils cette autre vie ? L'auront-ils ensemble ? La mer leur dira quoi (d'après une expression courante dans le Nord quand on attend la décision de quelqu'un : "Bon, tu m'appelles et tu me dis quoi.").

     

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    La Mer nous dira quoi - Acte 1

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    -      Danilo : Bravo ! Je ne sais pas qui tu es, mais... merci !

    -      Kouroun : Ha ! Ha ! Je ne sais pas qui tu es non plus, mais de rien !

     

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    -      Danilo : J'ai eu de la chance que tu sois là. C'est la troisième fois qu'une mouette a des vues sur moi. Je dois leur plaire.

    -      Kouroun : Oh, une mouette ça bouffe n'importe quoi ! Mon nom est Kouroun. Tu es blessé ?

    -      Danilo : Moi c'est Danilo. Juste une petite égratignure, ça va.

    -      Kouroun : Je campe tout près d'ici. Viens, on va te soigne et je t'offre un godet.

     

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    -      Danilo : D'où tu sors ? Tu es de quelle origine ? Tu n'es pas Orchidien, je me trompe ? Eléboranais ? Silicien ? 

    -      Kouroun : Mon peuple est tout petit et nous ne connaissons les Grands Protecteurs et les Nations Miniatures que depuis une dizaine d'années. Nous avions une famille de Grands qui s'occupait de nous, c'était leur grand secret à eux, mais ils sont morts... C'était dans un pays lointain que nous appelons : La Bretagne.

    -      Danilo : Ah... Oui. Nous l'appelons comme ça aussi. La colonie de Brocéliande ?

    -      Kouroun : Non. L'île de Groix. Un lieu magnifique. Nous vivions isolés depuis un siècle, au point d'avoir oublié l'existence des autres mini-peuples. Notre horizon était très limité...

     

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    -      Danilo : Mais tu fais quoi ici, alors ?

    -      Kouroun : Eh bin... J'ai eu envie de changer de vie, de découvrir ce nouveau petit monde caché dans le grand, je suis venu dans le Jardin secret il y a 3 ans, puis dans les dunes de la côte, le pays Authiegane, puis dans le platier il y a quelques mois. Je cherche un coin où me poser, chercher du travail. En Authiegane, j'étais défricheur dans les bois, et aussi dans l'armée du Seigneur Gason Authienoüs...

    -      Danilo : Ah vraiment ?! Tu étais dans la IIIe Légion ?!

    -      Kouroun : La VIe...

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    -      Danilo : La Légion des Amants... Celle qui a combattu à Philêouja Pellapolis !

    -      Kouroun : Oui... oui... oui... Tu poses beaucoup de questions, mais tu ne parles pas beaucoup de toi. C'est pour faire diversion ?

    -      Danilo : Non.  Il n'y a rien à dire. Je vis seul avec ma mère depuis la disparition du père, nous avons une pêcherie qui nourrit le village, on commerce avec les autres colonies. On ne fait rien d'autre que travailler et survivre, comme tout le monde. Point. Rien de passionnant. Moi aussi, je rêve de changer de vie.

    -      Kouroun : Ton père est mort. Désolé.

     

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    -      Danilo : Non, il va très bien, il s'est juste totalement effacé du réel. Il s'est barré l'an dernier avec une nana qui élève des abeilles dans le nord du jardin secret. Depuis, plus aucune nouvelle. Ils font leur miel ensemble et maman et moi devons tout faire ici. Tu étais dans la Légion des Amants... Tu en avais un ?

    -      Kouroun : Un quoi ?

    -      Danilo : Un amant ! Les hommes de la VIe combattent en couple, il y en a même qui se marient, il paraît.

    -      Danilo : Tu es bien curieux.

     

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    -      Danilo : Qu'est-ce que c'est ?

    -      Kouroun : On trouve plein de détritus laissés par les Grands. Ces trucs là me font marrer. Je leur parle, ce sont des amis imaginaires. Je me fabrique des amis imaginaires partout où je vais. A 22 ans je joue encore à la poupée, c'est tordu, non ?

    -     Danilo : Pas tellement. Moi j'ai 17 ans, mais j'ai pas eu le temps de jouer quand j'étais gamin. Quand on se fait chier dans sa vie, on bouche les trous avec ce qu'on a.

    -     Kouroun : Je me fais pas chier. Toi, en revanche, on dirait q...

    -     Danilo : Dis, tu cherches du boulot ?

     

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    -      Kouroun : Oui. Tu en as ?

    -      Danilo : C'est très possible. Viens demain matin, le temps que j'en parle à ma mère. C'est le Poisson Bleu, la dernière maison de l'autre côté de l'étang. Merci pour le godet, je vais rentrer, maintenant. Au fait, tu veux bien me ramener ?

    -      Kouroun : On fait quoi du camion ?

    -      Danilo : Il est foutu, cette fois pour de bon. J'appellerai le service logistique de chez moi pour le faire enlever de la route.

     

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    -      Danilo : D'où tu sors cette voiture ?

    -      Kouroun : Décidément, le "d'où tu sors" est un classique chez toi.

    -      Danilo : Tu te fous de moi ? C'est juste une question.

    -      Kouroun : En Authiegane, l'armée montvillienne avait laissé du matériel dans une petite base abandonnée à cause de l'érosion des dunes. J'étais le seul à savoir conduire ça dans mon village. Elle m'a servi quand je faisais des patrouilles de nuit pour surveiller les animaux qui auraient pu être tentés de venir nous dévorer. Vivre en pleine nature implique un éveil permanent des sens... Ils ont oublié ça dans les grosses colonies bien rangées, comme le Jardin secret. Ils vivent sous cloche et n'ont plus peur d'être petits.

    -      Danilo : Pas sous cloche, dans des grandes serres. J'ai jamais vu le Jardin de Groffliers en vrai, j'aurais bien aimé vivre là...

     

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    -      Kouroun : Quel travail tu veux me proposer ?

    -      Danilo : Notre marin est parti avant-hier. J'ai besoin d'aide sur le bateau, pour la navigation, la manoeuvre des filets, le dépeçage de la pêche à bord et le conditionnement ici... Et avant de pouvoir retrouver un camion, ta voiture serait bien utile aussi. Tu es du genre costaud et efficace, enfin mini-breton quoi.

     

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    -      Kouroun : C'est dingue, tu as aussi le sens de l'humour ?!

    -      Danilo : Tu recommences... Ce serait bien que tu sois là, puisque tu as rien d'autre à foutre. C'est un boulot dur et j'en ai marre d'être seul à tout faire.

    -      Kouroun : Marre d'être seul, je comprends.

    -      Danilo : Tu comprends ce que tu veux. Retourne dans ton gant et reviens demain à 10 heures.

     

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    -      Kouroun : Merci.

    -      Danilo : Tu viendras ?

    -      Kouroun : Oui, bien sûr. A demain.

     

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    A l'heure dite le lendemain, Kouroun se présenta au Poisson Bleu. Il était drapé dans une toge neuve tout à fait digne d'un entretien d'embauche, juste un peu excessive pour un emploi de marin pêcheur. 

     

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    -      Danilo : Maman, voilà le gars, le candidat.

     

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    -      Kouroun : Bonjour Madame. Kouroun Prora.

    -      Sergiane : Sergiane de L'Herbier. Bonjour jeune homme.

    -      Kouroun : De L'Herbier ?

    -      Sergiane : Petite noblesse orchidienne sans intérêt. Merci pour vos exploits d'hier. Mon fils a envers vous une dette inestimable. De tout coeur, merci. Bon, allons à l'essentiel.

     

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    -      Kouroun : Je viens de l'île de Groix.

    -      Sergiane : Oui mais ça on s'en fout.

    -      Kouroun : Je disais ça au cas où. J'ai vu des gens un peu à cran ici, qui se méfient des étrangers.

     

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    -       Sergiane : La vie est âpre ici, et nous ne sommes pas très nombreux, à peu près 250 résidents permanents dans cette colonie. Nous avons l'habitude de l'entre-soi. Vous excitez la curiosité, sans doute. Une seule chose m'intéresse : êtes-vous marin, Monsieur Prora ?

    -      Kouroun : J'arrive du Platier d'Orchies où j'ai piloté pendant 4 mois un bateau-taxi sur l'étang.

     

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    -      Sergiane : Un taxi. On n'est pas fauché avec ça. Mais voilà un beau garçon bien bâti, vous valez sûrement mieux que toutes les petites choses évanescentes et chétives qui ont défilé ici ces derniers mois. Des étudiants sans forces ni volonté, qui ont débarqué comme des anthropologues en mission dans une tribu sauvage et qui ne mesuraient pas bien ce qu'est le doux métier de marin-pêcheur.

    -      Danilo : Il a aussi servi dans l'armée orchidienne, dans les légions qui ont fait la guerre contre les Hédoniens !

     

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    -      Sergiane : Alors vous connaissez la discipline, l'esprit de corps et le manque cruel de salles de bain dans le désert. Mon fils vous montrera son travail, vous ferez votre première sortie en mer avec lui demain matin. Avec un peu de chance, diriger une équipe ça lui mettra un peu de plomb dans la tête et un vague sens des responsabilités. Vous connaissez le salaire et les conditions ? Bien. Tu lui montres aussi sa chambre, Danilo. Vous dormirez là-haut. J'espère que vous n'êtes pas devenu douillet. Bonne chance, Monsieur Prora.

     

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    -      Kouroun : Pas commode, ta mère. Franche, directe, j'aime bien. Mon prédécesseur s'est fait traiter de "petite chose chétive", c'est ça ?

    -      Danilo : Il n'était pas fait pour ce métier, c'est tout. C'est pourtant un gars du coin. Elle est exigeante et tout ne va comme elle voudrait. On ne voit pas toujours les choses de la même façon. Moi je pense que rien ne nous retient ici, on pourrait aussi bien aller voir ailleurs... Dis donc, j'ai déjà assez de ma mère sur le dos, si tu t'entends trop bien avec elle, on va pas être copains...

     

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    -      Danilo : Voilà. C'est pourri mais tu l'aménages comme tu veux. C'est toujours mieux que dormir dehors. Et tu as ton coin salle de bain.

     

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    -      Danilo : Tu es notre employé, mais on prend nos repas tous ensemble. Demain, on prendra la mer pour ramener du crabe, quelques crevettes, un petit poisson si on a de la chance. Debout à 4 heures le matin à cause de la marée, il y a 30 minutes de route pour aller au port, on ne reviendra que le matin suivant. Pour ta première, je te fais le free tour complet ! On fait 2 ou 3 sorties de 24 heures par semaine, si le temps le permet, bien sûr. Dans cette partie de la baie d'Authie, on est souvent assez protégé du vent d'ouest. Quand il vient du nord il éloigne les bateaux du rivage, on ne sort pas, ce serait trop dangereux. Le reste du travail se fait ici et au marché. On a des clients grossistes qui viennent des autres colonies de la baie.

    -      Kouroun : Très bien. J'ai hâte de commencer.

     

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    -      Danilo : Je fais ça pour te remercier, d'accord ?

    -      Kouroun : Oui, je suis au courant. A moi de te remercier, Danilo. C'est très gentil à toi. Et en plus tu as besoin d'aide. Tu peux compter sur moi.

    -      Danilo : Je n'ai pas tout le temps besoin d'aide.

    -      Kouroun : D'accord, pas de malaise. C'est toi le chef, on fait comme tu veux. Je vais trier mes affaires et revenir dans une heure.

    -      Danilo : Bon. On déjeune à midi trente. Tous les jours.

    -      Kouroun : Me voilà prévenu.

     

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    Au petit matin, Kouroun se préparait pour sa première journée de pêche en mer.

     

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    -      Danilo : Bonjour Kouroun. Tu es prêt ?

    -      Kouroun : Bonjour, Danilo. Quasiment.

     

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    -      Danilo : Ah bin... Tu te portes bien, on dirait.

    -      Kouroun : Je fais des gros rhumes en hiver mais sinon, oui, je me porte pas mal.

    -      Danilo : Non, jveux dire... Euh, tu as le physique qu'il faut, quoi. La Légion ça t'a réussi.

    -      Kouroun : Merci. Mais j'imagine que dans ton boulot, le physique ne fait pas tout.

     

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    -      Danilo : Non... non, ça fait pas tout.

    -      Kouroun : J'ai hâte de voir ça.

    -      Danilo : ...Alors magne-toi. On part dans 5 minutes. On mangera au port.

     

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    A SUIVRE...

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    La baie d'Authie. Les peuples miniatures berckois la connaissait bien. C'était leur environnement, leur pays, leur patrie. Les mini-gens y étaient assez peu dérangés par les Grands, ils savaient les éviter et se cacher quand il le fallait. Quand on mesure 3 cm, c'est relativement facile. Il faut juste ne pas se laisser surprendre et avoir le réflexe de, quoi que l'on fasse, de repérer une cachette rapidement accessible. Ces conditions d'existence incertaines avaient convaincu depuis longtemps la plupart des petites nations de ne jamais sortir des lieux gérés par la confrérie des Grands Protecteurs. En baie d'Authie, il n'y avait pas plus de 3 000 personnes courageusement dispersées dans la nature. A leurs risques et périls. Et contre l'avis des Protecteurs, bien plus préoccupés qu'eux par la conservation du Secret de leur existence.

     

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    Danilo et Kouroun étaient des jeunes gens élevés dans les réflexes de prudence, ils savaient survivre en utilisant tout ce qui était à leur portée. Il fallait aussi de temps en temps s'exposer pour nourrir la colonie.

    Le temps était magnifique ce matin-là, idéal pour une sortie de pêche. Dès l'aube, on s'activait sur un petit bout de plage tranquille, bientôt isolé et sécurisé par la marée haute.

     

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    Ce jour-là, il n'y avait que deux bateaux à l'échouage, prêts à recevoir, embrasser et chevaucher la mer qui montait paisiblement vers eux.

     

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    Kouroun découvrait son jeune patron à l'oeuvre. Et il s'en sortait très bien. Il était visiblement dans son élément, plus là qu'ailleurs.

     

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    -      Danilo : Qu'est-ce que tu regardes ? C'est l'horizon qu'il faut scruter.

    -      Kouroun : Je scrute mon patron pour apprendre mon nouveau métier et être un bon employé.

    -      Danilo : Tu n'obtiendras rien avec de la lèche. Tiens, sors la pile de rechange, on est bientôt à sec.

     

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    -      Kouroun : Elles durent combien de temps les piles ?

    -      Danilo : Pas beaucoup. Elles sont constamment rechargées au village. Mais à cadence normale, un bon mois.

     

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    A terre, dans le platier spongieux, d'autres professionnels étaient au travail.

     

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     Danilo et Kouroun étaient déjà bien loin du port, mais toujours à portée du rivage pour ne pas risquer que le bateau soit emporté par le courant de la rivière. Au soleil couchant, ils s'arrêtèrent à un mouillage à marée basse, bien abrité et riche en petit gibier marin que l'on pouvait capturer la nuit.

     

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    -      Danilo : On se sent vraiment seuls au monde, ici, hein ? Un peu comme dans le désert.

    -      Kouroun : Oui, c'est aussi excitant et flippant que le désert. Je comprends que tu aimes ça.

     

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    -      Danilo : J'aimerais... J'aimerais à la fois partir et rester. C'est compliqué. J'ai envie de croire que la vraie vie est ailleurs.

    -      Kouroun : Tu aimes ce pays, ça se voit. Mais tu voudrais juste contrôler un peu plus les choses. Faire TA vie, pas celle de ta mère et de la poissonnerie. A mon avis.

    -      Danilo : Oui, c'est ça.

     

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    -      Danilo : Alors ? Oui ou non ? Tu t'es marié avec un homme quand tu étais dans la VIe légion ? Tu en as connu beaucoup, des hommes ? Ou des garçons de mon âge ?

    -      Kouroun : Aah, ça t'intrigue, ça. Eh bin non. La Légion des Amants, c'est pas une partouze géante de 80 mecs assoiffés de sexe, non plus. Tu en parles beaucoup, je trouve.

     

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    -      Danilo : J'ai rien contre ça, c'est ta vie et je juge pas. Je me renseigne, c'est tout. Juste pour savoir si tu t'es éclaté ou pas, puisque tu en es parti.

    -      Kouroun : Je me suis engagé trois mois. C'était la guerre. Quand on s'y éclate ou qu'on se fait éclater, ça veut dire qu'on est mort ou peu s'en faut.

    -      Danilo : Tu as tué des ennemis à la bataille ?

    -      Kouroun : Par chance, non. La première on l'a perdue, donc j'ai pas eu le temps. Ensuite j'ai blessé deux soldats Hédoniens. Et je n'ai pas aimé ça. Et si on parlait de toi ?

     

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    -      Danilo : Pourquoi faire ?

         Kouroun : ...Ah.

     

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    Danilo ne voulait pas parler. Ses yeux étaient plus animés que sa langue. Il ne pouvait pas détacher son regard du marin, magnifique et gentil, très absorbé par le dépeçage de son poisson. Une envie folle, incontrôlable le saisit. Il s'approcha...

     

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    -      Danilo : Eeeh ! Du calme, Légionnaire !!

     

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    -      Danilo : Ah le con !! Me v'là dans la poiscaille !! Si ça se trouve tu m'as cassé le nez !...

    -      Kouroun : Désolé, faute de frappe. Tu ne devrais pas monter à l'assaut impulsivement : y a des conséquences.

     

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    -      Kouroun : Je descends. Sinon, ça va, tu profites bien ?

    -      Danilo : C'est malin ! Euh, ça aurait pu être mieux.

     

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    -      Kouroun : C'est ce que tu veux ?...

    -      Danilo : Oui... S'il te plaît...

     

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    -      Kouroun : Je croyais que tu ne faisais que poser des questions indiscrètes. Que tu n'osais pas passer à l'acte.

    -      Danilo : Quand j'ai pas les réponses, je vais les chercher. L'imagination suffit pas.

     

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    -      Kouroun : Et maintenant, il se passe quoi dans ton scénario ?

    -      Danilo : J'ai rien prévu, qu'est-ce que tu crois... J'avais envie, c'est tout.

    -      Kouroun : Envie de te faire baiser comme une bête dans du poisson mort. Pas mal, tu es plein de surprises, j'aime bien ça. Et dormir ensemble pour ce qui reste de la nuit, tu en as envie aussi ?

     

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    -      Danilo : Oui... Mais il ne s'est rien passé, d'accord ?

     

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    -      Kouroun : Euh, ça veut dire que je suis supposé oublier ou que les autres, dont ta mère, ne sont pas supposés savoir ? Si je reste, comment je fais pour oublier, alors que je bosse avec toi tous les jours et que tu montes me voir à poil quand je fais ma toilette dans la chambre ?

    -      Danilo : Je ne veux pas que tu oublies... Je veux dire "discrétion", c'est tout. Si tu restes ?... Mais enfin si, tu vas rester, évidemment, tu peux partir comme ça !

    -      Kouroun : Tu es sûr ? Nous deux, on continue comme ça, alors ? T'es sûr de ça ?

    -      Danilo : Je suis sûr de rien... Et toi ?

    -      Kouroun : Moi non plus. Alors on se laisse le temps d'essayer de voir si on est sûr.

     

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    -       Danilo : ...On pourrait envoyer le bateau au large et partir à la dérive... Se laisser porter et c'est la mer qui décidera, elle nous dira quoi...

    -      Kouroun : ...Si je te laissais faire ça, ce serait une faute professionnelle, à peine embauché ça la fout mal. "Attendons. Il va bien se passer quelque chose". (NDA : réplique entendue dans le film "Pasolini", vu hier soir)

     

    Kouroun dut bien se rendre à l'évidence : Quelque chose l'avait capturé et il avait le choix entre se débattre et fuir à la nage ou accepter.

    Sergiane et son fils faisaient un drôle de ménage et beaucoup de gens avaient renoncé à essayer de conquérir leur coeur. Kouroun ne voulait rien conquérir du tout, il n'avait pas de petit drapeau à planter en signe de victoire et de possession. Il pensait juste être pour un temps un employé efficace et obéissant et partir le moment venu.

     

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    Mais Danilo, le garçon renfermé qui le regardait de biais de peur de laisser lire ce qu'il y avait dans ses yeux, avait soudain pris l'initiative. Kouroun, curieux et intéressé, songea qu'il pouvait laisser une chance à Danilo de s'offrir mutuellement quelque chose de neuf et rafraîchissant, après plusieurs années de solitude et de déconvenues. Kouroun semblait prêt à se laisser dompter.

    Danilo aussi. Il venait de trouver la motivation pour se débarrasser de sa peau actuelle et se régénérer, secouer son petit moi médiocre et frileux, s'ouvrir à quelque chose de bien qui fait du bien, grandir en fait.

     

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    Les premiers jours, beaux, intenses, riches en surprises, de Kouroun au Poisson Bleu et sur le bateau furent suivis d'une sorte d'interlude reposant, douillet. La météo change vite à Berck. Pendant plusieurs jours, les mini-pêcheurs durent céder le pas à la pluie et au vent. Alors on resta à la maison, on travailla à la boutique.

    Sergiane et Kouroun s'entendaient bien. Elle montrait qu'elle était reconnaissante, elle appréciait le renfort du jeune aventurier et l'influence qu'il paraissait déjà avoir sur son fils, soudain plus calme, plus professionnel au marché, plus serviable à la maison même.

     

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    Elle demanda à Kouroun d'abandonner pour quelques heures le dépeçage des crabes pour accompagner Danilo au village et prendre livraison de quelques fournitures. Danilo, ravi, estima que c'était une bonne idée.

     

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    Sergiane était perplexe. Danilo était joyeux, il souriait... Quelle était cette étrange magie qui s'opérait sur ce garçon normalement taciturne, ou plutôt inexpressif, et peu causant ? Elle voulut le prendre à part pendant que Kouroun était supposé sortir sa voiture du garage.

     

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    Ils étaient encore dans la boutique. Figée, Sergiane les regarda sans être vue.

     

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    -      Kouroun : Qu'est-ce que tu fais ?

    -      Danilo : Je me prends dans ton filet ! Tu as dû faire souvent, à la barbare je veux dire, quand tu étais dans la VIe Légion.

    -      Kouroun : Tu es obsédé par ça. Le gros fantasmes d'enfer ! Tu serais déçu si je te racontais.

     

    Acte 2

    -      Danilo : Parce que tu me raconterais seulement ce que tu veux bien. Désolé si ça te gêne mes gros fantasmes... Je suis comme ça. Je le découvre, en fait...

    -      Kouroun : Gêné, nooon, du tout ! Au contraire, les trucs un peu rudes et très nature, j'avoue que ça marche assez bien sur moi. Autant que le sensuel. La soumission, "tu es mon esclave", pareil.

    -      Danilo : Bon parce que moi, c'est vraiment mon truc, tu vois. Je connais un peu mais ça va jamais très loin. J'ai envie de vraiment vivre ça avec un mec. A fond. Et à ma surprise générale.

    -      Kouroun : D'accord, puisque tu es joueur... Je te prends. Dans mon filet.

     

    Acte 2

    Acte 2

     

    Acte 3

     

    Sergiane les regarda partir en silence. Neutre, placide, elle n'eut pas un mot enrichi d'un double-sens ironique ou fielleux, pas un commentaire, même purement facial. Rien ne la surprenait chez Danilo. Et de toute façon, pas ça.

    Alors elle dit simplement :

     

    Acte 3

    -      Sergiane : Kouroun, allez-y mollo sur la route. C'est très boueux.

     

    Acte 3

     

    Acte 3

     

    Les deux garçons firent un détour par le rivage. Ils commençaient à tracer les frontières de ce qui n'appartenait qu'à eux. Là où ils étaient en liberté. Danilo se découvrait affectueux et sensible. Il aimait enfin parler avec un autre mini-humain, explorer, jouer, partager avec lui et plus seulement en imagination. Il en était donc parfaitement capable.

    Kouroun, lui, se découvrait probablement... amoureux. Bien que toujours un peu sur la défensive.

     

    Acte 3

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    Ils avaient prévu de rester deux jours dans le hutte de chasse qui abritait le village. Ces petites vacances leur firent l'apprentissage d'une intimité constante. Et ensemble, ils se fondirent dans la vie de la communauté et ce moment leur parut agréable.

     

    Acte 3

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    -      Kouroun : Tout le monde semble t'apprécier, à moins qu'ils soient tous hypocrites. Les gens te sourient, ils sont gentils avec toi... Y a que toi qui fait la gueule en fait.

    -      Danilo : Ils connaissent tous l'histoire, ils savent avec quel courage ma mère et son lardon ont fait face à l'adversité et à la défection du mâle dominant ; comment ils ont maintenu l'affaire à flot et l'ont fait prospérer ! La pêche et la poissonnerie, c'était une idée du père à la base. Il voulait venir dans ce trou perdu pour y être le premier, un notable quoi, et maman a suivi tous ses caprices. J'avais 12 ans et il nous a mis au taf. Une fois le piège bien refermé sur nous, il s'est barré. Voilà... Donc, ils compatissent et ça fait causer.

     

     Acte 3

    -      Danilo : Bonjour Diride !

     

    Acte 3

    -      Diride Pachinol : Bonjour Danilo, bonjour jeune homme ! Tiens, ma fille Enola chante au Théâtre de Sablonique ce soir. Tu sais que tu es toujours le seul garçon qui a l'honneur de lui plaire !

    -      Danilo : Pauvre d'elle ! Merci, on ira la voir. Vous avez une chambre pour cette nuit et la prochaine ? Pour deux...

     

    Acte 3

    -      Diride Pachinol : Pour vous deux... Mmm-mm.. Aaah... bien-bien-bien... Pas de souci, mon grand ! Jamais ! Vous êtes toujours les bienvenus.

     

    Acte 3

     

    Acte 3

    Acte 3

    " Les vapeurs d'alcool
    Ça je les connais bien
    Les cheveux qui collent
    Au front des musiciens
    Et c'est difficile
    Le choix d'une vie
    Je rêve de choses dont j'ai réellement envie
     
    Je chante dans le port de Vancouver
    Je chante sur des souvenirs amers
    Et je danse, je danse
    C'est bien
    Je n'vois jamais le matin
    C'est bien

    À midi je suis dans mon lit
    Et je rêve de quelque chose
    À minuit je suis dans la ville
    Et je cherche quelque chose "

     

    Acte 3

     

    Le choix d'une vie.

    Les deux jeunes mini-gens avaient à peine choisi ce qui leur arrivait. Ils accueillaient les choses comme elles venaient. Et c'était bien.

     

    Acte 3

     

     A SUIVRE...

    DANS L'ACTE 4, EN PAGE 2

     


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