• L'Exilé de Cashprix : prologue

     

    Après "La légion des amants" (voir rubrique 1), le premier peplum miniature homo (enfin je crois que c'est le premier), en voici un autre. Cette nouvelle mini-superproduction du monde miniature de Sasgarion est garnie de quelques références littéraires choisies parmi des lectures déjà très anciennes mais remises à mon goût du jour. Elle a mobilisé plus de 700 figurants. Elle met en scène un personnage né en octobre 2017, Catudila, empereur d'Orchide. Débauché, cruel, entouré d'ennemis tout aussi antipathiques que lui, il promène ses vices, à la tête de son armée, dans les dunes berckoises, qui sont pour les mini-gens un immense désert hostile. Lorsque Catudila saisit à pleines mains la gloire dont il avait besoin, la chute arrive aussitôt. Et après la chute, vient une possible renaissance.

     Cette histoire compte 10 articles, sur 2 pages, dans cette rubrique n° 8.
    J'espère qu'elle vous plaira.

    Merci :)    DB - 5 Août 2018

     

    L'Exilé de Cashprix : prologue

     

    CATUDILA

    L'EXILE DE CASHPRIX

     

    La journée normale de l'empereur Catudila

     

    Nous sommes toujours dans cet immense jardin, quelque part au sud de Berck-sur-Mer, à l'arrière des dunes de la baie d'Authie, la principale colonie des nations miniatures dont le secret est si bien gardé.

    Deux ans et demi auparavant, la reine Bulotricia, qui avait succédé à Gason Authienoüs, avait abdiqué pour raisons de santé, c'est à dire une belle dépression. Un jeune officier de la IIe Légion, Catudila Authienoüs, fils de Moralambès Authienoüs qui était le frère de Gason, avait été poussé dans la lumière par quelques sénateurs et proclamé empereur d'Orchide.

    Le jeune homme semblait prometteur. Mais une fois au pouvoir, son humeur changea de façon surprenante, il se révéla capricieux, orgueilleux, autoritaire, cruel, sadique et il poussa le curseur de la débauche à la cour de Katapigone à un niveau encore jamais atteint. On découvrit qu'il était encore moins porté sur les femmes que ce qu'on croyait. Il y en avait quand même deux qui avaient réussi, par ambition, à l'attirer sur elles. Mais c'étaient les pires sur lesquelles il aurait pu tomber... Au moins, pour l'une d'elles, Hazemnout, il y avait une raison d'état à son existence au palais : l'empereur devait se marier et faire des héritiers.

     

    La journée normale de l'empereur Catudila

     

    Cela faisait deux ans, et pour ce qui était des héritiers, on n'en voyait pas encore la queue d'un ou d'une.

    La vérité était que ni Catudila, ni Hazemnout n'étaient pressés d'être parents...  Pas plus que de coucher ensemble, ce qui était un préalable nécessaire. Du coup, le grand lit impérial se surpeupla, moins pour donner l'illusion d'une puissante fécondité que pour les distraire de leur ennui conjugal.

     

    La journée normale de l'empereur Catudila

    L'empereur Catudila a changé la façon de faire de la politique

    L'empereur Catudila a changé la façon de faire de la politique

    L'empereur Catudila a changé la façon de faire de la politique

    L'empereur Catudila a changé la façon de faire de la politique

     

    Catudila n'avait plus de frein moral, ni dans la fange, ni dans le crime. Il explorait le monde débridé des outrances, il s'explorait lui-même à la recherche d'un plaisir sommital toujours trop bref. Il osait tout parce qu'au fond, il n'avait goût à rien. Son plaisir, quand il parvenait à naître, s'évanouissait aussi vite que les grains de sable entre les énormes doigts des Grands. Toujours sur sa faim, il cherchait quelque chose et il ne savait pas quoi.

    Il était au fond terriblement seul et frustré. Toutefois, ne faisons pas comme si ça excusait tout !

     

    La journée normale de l'empereur Catudila

     

    Se croyant discrètes, les deux femmes de sa vie, son épouse l'impératrice Hazemnout, soeur du roi de Bourdon-Silice, et la marquise Colchique de Plessis-Radasse, courtisane arriviste qui s'était improvisée ministre d'à peu près tout, conspiraient ensemble. Le frère d'Hazemnout, le roi Seugahalmemnon, avait manqué de peu l'élection au trône. Vexé, le clan Bourdon-Silice n'avait pas dit son dernier mot.

     

    Acte 6 : un lieu digne de l'amour

     

    L'impératrice (la brune) et la courtisane (la blonde) avaient par ailleurs des raisons bien plus intimes de se débarrasser de Catudila.

    Elles saisirent la meilleure occasion de préparer un coup d'état : une nouvelle guerre était déclarée avec les hédoniens, qui envoyaient une armée dans les dunes, dans cette partie de l'immense désert côtier colonisée par les Orchidiens et revendiquée par d'autres mini-nations. Avec l'aide de Dame Latétokaré, la mère de Quintovic, roi d'Authiegane et cousin de l'empereur, et de plusieurs généraux, il était enfin possible d'agir.

    Le triumvirat féminin infernal organisait déjà son gouvernement en secret, avant même que Catudila fût parti rejoindre ses légions dans le désert. L'empire était tout aussi gravement menacé de l'intérieur.

     

    Acte 6 : un lieu digne de l'amour

     

    Catudila le savait.

    Il ne fit rien. D'abord, il vaut mieux garder ses ennemis près de soi, sous surveillance attentive, voire attentionnée.

    Peut-être aussi attendait-il le moment de sa chute. Et peut-être enfin, connaîtrait-il dans ce moment-là cette passion de la vie qui lui manquait, le vrai plaisir des choses et une rassurante sensation d'exister qu'il guettait avec anxiété et qui n'arrivait jamais. Son premier extase ne pouvait être que celui de sa propre fin.

    C'est en tout cas de cette façon-là que les mini-historiens et autres spécialistes de leur spécialité interprétèrent cet épisode confus de l'histoire orchidienne.

     

    La journée normale de l'empereur Catudila

     

    En attendant, il continuait à consommer à l'excès la jeunesse mâle de son pays et à la faire souffrir. Il cueillait avec l'aisance que lui permettait son autorité des brassées de fleurs fraîches et les écrasait sans pitié quand il se lassait de les voir. Personne n'avait pu s'attacher à lui dans ces conditions et on se demandait si quelqu'un en était capable. Et lui ? Pouvait-il vraiment désirer ? Aimer ?

    Quand il confisquait, que ce soit des maisons ou des garçons, ce n'était même pas par convoitise ou jalousie. C'était juste parce que c'était facile. Catudila n'avait pas trente ans et il faisait peur à tout le monde.

     

    L'Exilé de Cashprix : prologue

    L'Exilé de Cashprix : prologue

    L'Exilé de Cashprix : prologue

     

    Il méprisait tout particulièrement les jeunes nobles placés auprès de lui par des parents affamés d'honneurs impériaux.

     

    L'Exilé de Cashprix : prologue

     

    Catudila les câlinait et les élevait plus que les autres pour mieux les faire chuter de plus haut : ils étaient bannis dans la forêt ou le désert, vendus comme esclaves, donnés en pâture à ses gardes et jetés nus comme des déchets du pouvoir dans une fourmilière, ou commis à être l'attraction principale de supplices raffinés et riches en sucre comme la "sucettixion", qu'il avait inventée...  Et alors, les mâchoires avides des parents émoustillés claquaient soudain dans le vide. Certains, terrorisés, croyaient à une disgrâce généralisée à toute leur famille et s'enfuyaient dans des colonies lointaines ou dans des pays voisins. L'empereur organisateur de ce cirque regardait ces acrobates, glorieux un jour, péteux le lendemain, sauter par dessus les frontières. Il exprimait une vague ironie qui se dissipait vite.

     

    L'empereur Catudila a changé la façon de faire de la politique

    L'empereur Catudila a changé la façon de faire de la politique

     

    Marguerite Yourcenar écrit dans "Le coup de grâce" : "la cruauté est un luxe d'oisifs". Catudila, et c'est là l'extraordinaire cas de conscience de l'histoire orchidienne, gouvernait très bien son pays, en dehors de quelques persécutions politiques que les gens du peuple lui pardonnaient toujours, puisqu'elles étaient dirigées contre des individus détestés par eux aussi. Il était loin d'être oisif, il était même hyperactif. Toujours en mouvement, en corps et en pensée, pour oublier qu'il était mal dans sa mini-peau. Il faisait tout ce qu'il devait et voulait faire, mais, on l'a déjà dit, sans réelle satisfaction. 

    Son luxe lui venait donc de l'ennui, l'inassouvi, la vraie solitude qui nous fait voir tout autre être comme un étranger, un acteur d'une vie qui n'est pas la nôtre. C'est pourquoi il mettait en scène les émotions des autres, jusqu'à la terreur, faute d'en avoir lui-même : pour les observer.

    Mais il y avait du neuf dans la banalité bien installée du quotidien ! On repartait en guerre. Armées en marche, batailles, victoires, gloire, le jeune empereur parut enfin s'enthousiasmer. Et il allait faire un grand voyage hors du jardin des nations miniatures, voir enfin autre chose que le palais. 

     

    L'empereur Catudila a changé la façon de faire de la politique

     

    Tel était Catudila Authienoüs. Et nous allons suivre les dernières semaines de son règne.

    Notre histoire commence juste avant l'incertitude des batailles et l'explosion des manigances, un jour où la cité de Katapigone est en fête...

     

    A SUIVRE...

    CI-DESSOUS, ACTE 1


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