Soupalonion et Kalendos sont rivaux dans l'arène, mais amis dans la vie. Ils sont très solidaires l'un envers l'autre. Ils ne se font pas concurrence sur le plan de la vie intime, car ils ont chacun un fan club très homogène.

 

Avec une complication supplémentaire pour Soupalonion : il est lui-même l'objet d'une féroce rivalité entre sa femme légitime Elvaotafantong et sa maîtresse Ellapludklop, qu'il avait failli épouser avant que ses parents n'interviennent à leur façon dans un choix envisagé sous un angle plus lucratif.

 

Kalendos et son compagnon Ojêhem mènent une vie festive avec leurs amis, un heureux mélange de jeunes bourgeois désoeuvrés, d'esclaves syndiqués et d'ouvriers épicuriens, qui forment tous ensemble une sorte de confrérie sans code bien arrêté. C'est aussi un vrai staff de campagne, mobilisé vers l'objectif de promouvoir Kalendos au grade de lieutenant dans la IIIè Légion.

 

-      Tibias : Laisse couler, Kalendos, tu brasses de l'air, là. Laisse venir l'adversaire sans prêter le flanc.

 

-      Tibias : Bien. Soupalonion, tu avais l'avantage, exploite-le, maintiens ton adversaire sur la défensive. Qu'est-ce que vous avez, aujourd'hui ? Vous dormez ? 

 

Voici venir, de gauche à droite : Gason Authienoüs, son frère le vice-roi d'Authiegane Yadêmokyblès, leur oncle Chantalladçouss et son fils le sage Moralambès et enfin l'esclave préféré du Prince Gason, Philêminion.

 

-      Tibias : Garde à vous, Messieurs !

 

-      Le général Ypardanlêvoj : Merci, Tibias. Messieurs, le moment est venu de savoir si vous êtes aptes à passer officiers et donc, c'est le moment tant attendu de la dernière épreuve. La mission, ou la quête, qui va achever votre formation et qui compte pour un coefficient 5 dans la moyenne. On m'a donné ce matin une idée pour cette épreuve. Vous allez faire un voyage dans les contrées désolées et redoutables de la baie d'Authie. Il se trouverait là bas un petit royaume qui se dit entouré de féroces ennemis. Je n'en sais pas plus. Votre mission sera de mettre vos armes au service du roi de ce pays. Sur place, quand votre mission sera achevée, vous serez évalués par le général Chantalladçouss, votre coach le lieutenant Tibias et le sénateur Mêladate, qui nous rejoindra demain pour le départ.

 

-      Ypardanlêvoj : Vous pourrez être accompagnés de la personne de votre choix. J'ignore si vous allez vraiment trouver un royaume et des méchants, mais l'improvisation fait partie du défi. Et rien que le voyage en lui-même constitue une belle aventure. Vous partez donc demain matin pour notre poste avancée du Platier, dans la baie. De là, vous irez à la recherche du royaume de Salicorne et du roi Cancho.

-      Gason : Ep... Pardon ?... De qui ? Le roi Cancho ? Touquetias Cancho ? C'est ça votre idée ? Mais quel âge peut-il avoir ? Cela fait bien 25 ans qu'on n'entend plus parler de lui, je le croyais cané dans le désert depuis longtemps.    

 

-      Ypardanlêvoj : Eh bien, c'est ce que m'ont rapporté des voyageurs qui doivent se rendre là-bas. A priori, il s'agit bien de l'ex-général Cancho et ex-dictateur du Marécaguay, le plus fidèle ennemi de l'empereur Réginar d'Eléborance, et qui avait disparu avec son petit peuple nomade il y a de longues années. Ils sont sur un banc de sable en bordure de la baie. Je ne l'ai pas connu : nous, les Oyatsines, nous vivions encore plus reclus que lui à l'époque... 

-      Chantalladçouss : Je me rappelle bien cette histoire... Gason, Yadêmokyblès et Moralambès étaient gamins, et toute la famille avait été évacuée au moment où j'ai négocié avec lui. Au début des années 2000, Cancho commandait  la tribu du Marécaguay et il avait soumis les Orchidiens, dont j'étais le représentant. Mais le jeune Réginar avait, de son côté, entrepris l'unification des peuples éléboranais et Cancho a été battu. Par la suite, Réginar a préféré le garder auprès de lui. Mais cet agité a conspiré à peu près une fois par an, en vain, pendant que l'Empereur se montrait toujours avec lui d'une étonnante indulgence. En fait, il ne l'a jamais pris au sérieux. Cancho a fini par se lasser de ce petit jeu entre eux et il s'est barré dans la nature où il s'est fait oublier.

 

-      Ypardanlêvoj : Quoi qu'il en soit, vous partez demain matin, donc. A vous de démontrer votre valeur, votre courage, votre constance, votre vertu, et tout ce qui fait un bon officier. Ou deux bons officiers. Ou aucun, mais ce serait décevant.

 

-      Gason : Général, je me joins à la colonne qui va partir. Je veux voir ce Cancho. 

-      Ypardanlêvoj : Mais... Seigneur Gason, pour une fois, il s'agit de l'aventure de quelqu'un d'autre... En comptant les deux héros et leurs proches, les porteurs et l'escorte, cela fait déjà plus de 20 personnes qui doivent traverser en toute discrétion le désert jusqu'au port du Platier.

-      Gason : Ah, tu crois que je vais faire de l'ombre à Kalendos et Soupalonion. Il ne s'agit pas de ça. Vois-tu, Général, je pense que cette opération est bien plus importante qu'elle n'en a l'air. Qu'as-tu appris d'autre de ces voyageurs ?

 

-      Ypardanlêvoj : Cancho est riche. Il aurait trouvé il y a longtemps une grosse chaîne en or perdue sur la plage par un Grand ou une Grande. Les Salicornides sont très discrets, on les surnomme "le peuple navigateur" : ils ont des bateaux.

-      Gason : Un petit monde oublié, un vieux roi légendaire, un trésor à défendre contre des convoitises agressives dans une nature grandiose et hostile... Le défi de nos deux amis se présente bien ! C'est décidé. Je pars avec le groupe et je prends contact avec les Salicornides. Je veux tout savoir sur eux.

 

 -      Chantalladçouss : Je suis heureux que tu nous accompagnes, mon neveu. Mais ta mère ne va pas être contente...

-      Gason : Elle est aussi ta soeur, tu la connais depuis plus longtemps que moi et tu sais parfaitement la manipuler !

 

A peine 23 minutes et 9 secondes plus tard, Villa Gasonia : 

 

-      Philêminion : Seigneur Gason, ta maman, Dame Lystéria Authienousia est ici.

-      Gason : Déjà ?...

 

-      Dame Lystéria : Alors mon fils, j'apprends que tu vas repartir à l'aventure. Tu ne tiens pas en place ! Tu sais que tu es fatiguant ? Je crois qu'à 40 ans passés, on devrait pouvoir se retenir de courir sur le sable et de faire du camping sauvage parmi les insectes fouisseurs pour des choses plus utiles et surtout plus adultes ! Et d'où vient cette soudaine fascination pour ce Cancho qui nous a fait tant de mal dans le passé, et qui avait déporté tes parents dans le désert ? Rappelle-toi !

-      Gason : Maman, le pays n'est plus aussi sauvage qu'autrefois, enfin presque plus... Non, en réalité c'est toujours aussi effrayant et pourri, mais ce qui a changé, c'est que nous en avons une solide expérience. Les braves Sablonautes, compagnons de Gason, sont eux aussi entrés dans la légende ! Et puis le passé est ce qu'il est : le passé. Cancho a sans doute mûri, lui aussi... Je crois surtout que tu meures d'envie de m'accompagner pour voir s'il n'y aurait pas chez les Salicornides une princesse riche à marier !   

 

-      Dame Lystéria : T'accompagner. Mmmmm... Moui, pourquoi pas. Mais mes dames de compagnie sont terrorisées à la simple idée de sortir de la cité souterraine pour prendre le soleil dans l'enceinte de pommes de pin. C'est de leur faute si je ne voyage jamais, elles sont trop couardes.

-      Les dames de compagnie : Bin voyons... Quel beau prétexte. - La vérité, Madame, c'est que vous avez peur pour votre fils. Et que vous détestez ce pays.

-      Gason : C'est mon pays, maintenant, depuis 4 ans. J'ai voulu m'y retirer pour y retrouver une vie plus simple, sans artifices et sans ennemis... Bon, c'est un peu raté, mais je te promets que j'irai bientôt dans le Jardin d'Orchide, au nord de Berck, pour y préparer mon installation.

 

-      Dame Lystéria : Quand ?!

-      Gason : Je ne sais pas... Bientôt...

-      Dame Lystéria : Bientôt quand ? Bientôt matin ou soir ? Bientôt en huit ou le mois prochain ? Sois un peu sérieux, mon garçon ! Tu as été roi d'Orchide et ton destin ne peut pas être autre chose que de le redevenir. Tu as laissé courir le temps et maintenant, ils ont une reine, cette... Cette petite Bulotricia, que j'adore, certes, c'est pas la question, mais pour moi, elle est toujours régente, en transit, quoi !

-      Gason : Ce voyage n'est pas qu'une aventure de plus. Il a un intérêt politique. Je ne peux pas rentrer en Orchide sans avoir réappris à faire de la politique, Maman...

-      Dame Lystéria : Tu te moques toujours un peu de moi, mais tu sais que j'ai raison... Sois prudent. Evite les batailles et les insectes. Moi je ne repars pas de ce pays maudit avant ton retour.

 

 

 

Le lendemain matin, la colonne des voyageurs se forme et s'apprête à partir vers le sud.

 

 -      Soupalonion : En route pour l'aventure ! Mais puisque le Prince Gason vient aussi, il est bien capable de nous voler la vedette !

-      Kalendos : Vous êtes sûrs de vouloir venir ? Ce sera un voyage difficile et vous êtes tous deux bien trop bourgeois pour supporter de vivre en pleine nature plus de 20 minutes !

-      Ojêhem : Ô mon divin Kalendos ! Je te suivrai comme ton ombre ! Un héros solitaire, ça ne sert à rien !

-      Elvaotafantong : Tu as raison, Ojêhem ! Et le mien s'ennuierait, sans moi ! Je pense que nous avons bien besoin de nous retrouver un peu entre nous, Soupalonion et moi, loin de tout... parasite.

 

-      Soupalonion : Ami Kalendos, tu as sans doute dix fois plus d'ex-amants que je n'ai d'ex-maîtresses, et pourtant ta vie semble si simple et paisible ! Et ça ne t'empêche même pas d'être une excellent guerrier.

-      Elvaotafantong : A ceci près que tu es marié, mon cher époux... De tout cela aussi, nous reparlerons... dans la paix et la simplicité.

 

L'équipe des aventuriers quitte donc la paisible vallée dunaire d'Authiegane, prête à affronter les mille et un dangers et demi de la nature.

Et puis... Rien. Si ce n'est la rencontre avec un Grand solitaire endormi sur le sable.

 

Par jeu, Kalendos veut piquer sa jambe avec sa lance. Mais c'est s'exposer à une baffe instinctive et mortelle. Les mini-gens s'éloignent discrètement.

 

Alors que la colonne arrive dans les périlleux marais de la baie d'Authie, les deux héros, qui ont grand besoin d'accomplir un haut fait d'armes, décident de provoquer des crabes. Mais les bestioles ne bougent même pas un poil de nez. C'est très frustrant, cette totale absence de rage carnassière dans leur regard.

 

Alors nos amis passent le temps en s'amusant et en faisant des farces. Dame Elvaotafantong n'apprécie guère leur humour.

 

Après quatre jours d'un voyage d'un voyage finalement trop tranquille, la colonne parvient au Platier. C'est une garnison orchidienne placée après la Guerre des Colonies au bord d'un étang de chasse, à l'abri d'une hutte. Quelques canards grossiers en bois... je veux dire grossièrement sculptés, draguent les vrais. L'endroit appartient au Grands Protecteurs de Groffliers.

 

-      Lieutenant Pouffias Danlebus : Salut à toi, Seigneur Gason. Je suis surpris de te voir ici, on ne m'avait annoncé qu'un groupe de guerriers partant en mission.

-      Gason : Salut à toi, Brave Pouffias. Il s'agit bien d'une mission qui a pour but le royaume des Salicornides. Tu les connais bien ? Je souhaite aller les rencontrer, mais j'aimerais aussi renforcer cette équipe avec ta garnison. Tu crois que c'est possible ?

 

-      Pouffias : Ils sont là, sur ce banc de sable qui est devenu une petite dune. Ils vivent dans une cité souterraine constituée de vieux cageots. La place est difficile d'accès, c'est presque une île à marée haute. Pour l'atteindre, il faut faire le grand tour par le platier, traverser des zones marécageuses, spongieuses, même, dans une végétation impénétrable et une boue épaisse... On n'y va jamais, en fait. Les Salicornides ? On ne les voit presque pas, il viennent parfois en bateau faire leur marché au village de Marokanar et dans la principauté de Canarleurre. On pense qu'ils naviguent beaucoup plus loin, mais de nuit. Ils sont bizarres, pour tout dire. Justement, un bateau est prévu aujourd'hui pour prendre ce groupe de civils. Il semble que le petit pays de  Salicorne ait bien du souci à se faire en ce moment.  

-      Gason : Des civils ?

 

-      Gason : Tiens ! Citoyen Ylêradinlega ! Salut à toi. Que fais-tu donc là ?

-      Ylêradinlega : Salut à toi, Seigneur Gason Authienoüs ! Je fais partie de ce groupe de personnes qui attendent de rallier l'île. Nous sommes tous des créanciers du roi Cancho et celui-ci n'honore plus ses échéances depuis un an.

 

-      -      Un soldat : Lieutenant, le bateau des Salicornides arrive !

 

 

Pendant ce temps, Dame Elvaotafantong a une mauvaise surprise : sa rivale, l'intrigante Ellapludklop, s'est jointe au groupe de voyageurs pour retrouver Soupalonion sur le lieu de ses possibles futurs exploits.

 

 

La confrontation fait bien rire tout le monde ! Excepté Soupalonion.

 

 

-      Chantalladçouss : Euh, le cirque est en ville ?

-      Philêminion : On dirait les martiens du film de Tim Burton... A votre avis ils marchent vraiment sur ses jambes ou ils glissent sur coussin d'air ?

-      Chantalladçouss : Gnap-gnap ! Gnap-gnap-gnap gnap !

-      Tibias : Ha ! Ha ! Ha ! Ha !

-      Gason : Arrêtez, vous n'êtes vraiment pas sortables ! Nous sommes en mission diplomatique, je vous rappelle.

-      Chantalladçouss : Non, nous sommes là pour observer comment nos amis Soupalonion et Kalendos vont obtenir la gloire. Personnellement, je ne vois pas l'intérêt de prendre langue avec ces clowns qui ne semblent pas posséder un si grand trésor...

 

-      Tahunpetokask : Je suis Tahunpetokask, magicien en chef du petit royaume de Salicorne. Je vous salue, Orchidiens. Seigneur Gason, je suis à peine débarqué, et voilà que je suis déjà inondé d'une stupéfaction merveilleuse. C'est un grand honneur pour moi de me présenter à vous. Qu'est-ce qui vous amène dans ce pays sale, ingrat et humide ?

 

-      Gason : Je vous remercie. C'est une visite diplomatique un peu improvisée, en vérité. Cette expédition a pour but de tester la valeur de nos futurs officiers. J'ignorais même que le pays de Salicorne existât et que le fameux Touquetias Cancho en fût roi.

-      Tahunpetokask : Votre Altesse, nous aimons recevoir des gens de grande qualité et notre bon et sage roi sera heureux de vous accueillir. Le bateau est assez grand pour recevoir les passagers prévus ainsi que vous et votre suite.

 

 -      Pouffias : Seigneur Gason, voulez-vous toujours une escorte ? Comme je vous l'ai dit, nous devrons faire le tour à pied pour rejoindre l'île à marée basse, nous n'y serons pas avant demain en fin de matinée au mieux. On meurt et on disparaît beaucoup dans ces vastes contrées envahies par la mer, elles sont plus dangereuses que n'importe quel autre environnement de la région berckoise. Pour ma part, je soupçonne les Salicornides de participer, je ne sais comment ni pourquoi, à ces disparitions.

-      Gason : Oui, lieutenant, je comprends bien. Désolé de vous imposer ce désagrément, mais je préfère que vous soyez là s'il existe vraiment des ennemis dans les parages. A plus forte raison si les ennemis sont les îliens eux-mêmes.

 

 

-      Gason : L'existence de l'île de Salicorne est une révélation, pour moi. Je suis presque intimidé de bientôt rencontrer Cancho, dont j'entends parler comme d'une légende depuis mon enfance.

-      Tahunpetokask : Cette légende s'est construite en grande partie grâce à la discrétion dont notre petit peuple et lui-même ont fait preuve depuis, en gros, 25 ans. C'est à dire depuis l'arrivée de l'équipage du "Sasgarion" dans ces contrées et le développement du nouveau Jardin secret. Notre roi a été assez sage pour rester à l'écart des confits entre nations miniatures.

-      Gason : Rester à l'écart. Mince, pourquoi n'y ai-je pas pensé ?... 

 

-      Tahunpetokask : Notre pauvre royaume n'aurait pas survécu à la Guerre des Colonies, l'an passé, s'il n'avait pas privilégié depuis si longtemps la culture de la mise en retrait des passions extérieures... D'ailleurs, le roi Cancho n'était connu jusque tout récemment que sous le nom du "roi salicornide".

-      Gason : "Pauvre royaume"... Il m'a semblé que cette pauvreté était en revanche un problème très intérieur.

-      Tahunpetokask : Ce ne peut pas être un problème, Seigneur Gason, puisqu'il a déjà une solution. Il est vrai que nous vivons dans de chiches conditions. Parfois, dans les périodes de grandes marées, nous sommes obligés d'évacuer l'île et de nous réfugier sur le platier. Mais notre patience et notre sens pratique nous font tout surmonter.

 

-      Gason : Je vous le souhaite. Si le roi Cancho veut sortir un peu de l'autarcie et chercher des partenaires étrangers, il peut toujours frapper à la porte de l'Authiegane. Elle n'est jamais complètement fermée.  

 

 

Après pas loin d'une heure de traversée par vent contraire, voici l'île des Salicornides.

 

-      Cancho : Seigneur Gason, je suis fort heureux de vous rencontrer enfin, et par surprise. J'admire ce que vous avez fait en Orchide, car j'ai suivi de près votre carrière depuis que vous en êtes devenu roi il y a 20 ans !

-      Gason : Je vous remercie, Votre Majesté. Hélas, je n'ai pas pu suivre la vôtre. Ma surprise est aussi grande de vous retrouver ici !  

-      Cancho : Pour notre sécurité, nous avons choisi de vivre loin de tout et un peu trop repliés sur nous-mêmes, sans doute. Au moins, avons-nous pu ainsi rester à l'abri de la révolte du Tumaadi et de la guerre. Certains de nos soldats se sont laissés convaincre et sont partis se battre à Authiebourg. On ne les a jamais revus... Mais après cela, beaucoup de familles ont préféré quitter ce pauvre petit royaume pour trouver dans le Jardin des Nations de meilleures conditions de vie... Nous étions jusqu'à 300 il y a quelques années, à peine 50 aujourd'hui... On pourrait penser que ça sent le sapin. Je suis au regret de vous l'avouer, Gason, vous assistez à notre déclin... L'Orchide a connu elle aussi des heures graves et l'aide de puissants mages vous a permis de tenir la tête hors de l'eau, ce fut une grande chance !

 

 -      Gason : Oui... Jusqu'à ce que ça devienne trop bizarre, brouillon, déprimant et invivable... Nous sommes un peu revenus de tout ça.

-       Cancho : Allons, il ne faut pas dire ça. Le mini-monde a besoin de cette magie qui l'acoquine de façon fructueuse à des dimensions mystérieuses qui ont tant à nous apprendre. Nous croyons fermement à tout ça. Et donc, pour cette raison, nous ne croyons pas au déclin définitif.

 

-      Ylêradinlega : Votre Majesté, si je puis me permettre, si vous voulez éviter le déclin, il existe un moyen d'une rationalité un peu crue mais qui a déjà prouvé son efficacité : il faut régler vos dettes. 

-      Cancho : Oui, et vous êtes tous là pour tenir conférence à ce sujet. Vos logements sont prêts. Veuillez, Mesdames, Messieurs, m'accorder la grâce de suivre mon Premier Mage, qui va causer avec vous des questions financières. Gason, mon ami, notre fortune n'est plus tout à fait ce qu'elle a été et aujourd'hui, les créanciers nous réjouissent de leur venue et ils viennent de partout : de Casteigne, d'Hédonie, de Montville et même de chez vous ! Ils viennent pour me tondre, Cher Gason. Mais je ne vous en veux pas, Ha ! Ha ! Ha ! Ha !... Bref, vous devez être épuisé par votre périple. On va vous montrer vos chambres et j'aurai l'immense plaisir de vous retrouver au dîner, dans cette salle.

-      Gason : Je suis votre obligé, Votre Majesté. J'ai une foule de questions à vous poser !

 

-      Cancho : J'y répondrai avec grand plaisir, seigneur Gason. Quant à vous, amis rapaces, vous êtes aussi mes invités. Détendez-vous et discutez bien. Je vous rejoins un peu plus tard.

 

Les Orchidiens se répartissent dans leurs appartements. Chatalladçouss ronchonne pendant que Gason cogite sombrement...

 

-      Chantalladçouss : Nos chambres sont à peine passables... C'est sale, ça sent le sable mouillé et moisi, on gèle, le mobilier est une fumisterie... Je vais leur faire une réputation d'enfer auprès de l'Oracle Farceur des Marais, Boukingpoincomm, qui est souvent invoqué par les voyageurs et les aventuriers en quête d'un gîte ! Franchement... Même quand tu étais roi et avec encore moins de pognon, tu savais bien mieux recevoir tes invités, du plus grand au plus humble !... Mmmm ? Tu t'en souviens, quand même, de quand tu étais roi d'Orchide ?

 

 

 

 -     Gason : Non. Bon... Puisque Cancho est occupé avec ses créanciers et que tous les autres se reposent, j'ai envie de me balader dans la cité. Philêminion va venir avec moi. 

 

-      Gason : ?...

-      Chantalladçouss : Tibias a ordre de t'accompagner partout où tu vas. Et ce n'est pas négociable.